[ …Est-elle folle ? Est-elle monstrueuse ?
Est-elle sublime ? Héroïne tragique par excellence,
elle incarne dans l’imaginaire occidental la part exclue de la communauté,
celle « qui ne cède pas sur son désir » ] Jacques Lacan

C’est sur un passage de la pièce de Jean Anouilh que mon attention s’est portée, Antigone y parle si bien de l’enfant qu’elle aurait aimé avoir, elle le décrit si bien qu’il pourrait être là, devant elle…
Un déclic s’est alors produit, le lait maternel, et cette petite bouteille de lait en plastique, icône symbolique, la vie et la mort, le positif et le négatif, les dates de péremption sur les flacons, comme des dates de naissance, tout faisait sens…

Sculptées dans des bouteilles de lait, ces figures de blanc, empruntent à l’immaculé marbre de Carrare, une grandeur ancienne et intemporelle.
Le packaging de lait nous rappelant la blancheur du lait maternel, encore une fois, nous pouvons constater que les différentes pièces présentées s’entremêlent dans des liens infinis où la maternité, la famille, la mutation sont sans cesse à l’œuvre, dans leur grandeur comme dans leur pesante misère.
Ici la femme, Antigone, également enracinée dans l’antiquité qui désire briser et dépasser son destin et qui pourtant va trouver la mort… jusqu’à devenir ce catafalque, ce voile d’albâtre qui flotte et se démultiplie, tel les fantômes de nos espoirs éteints pris dans la toile du temps ? Est-ce que sa mémoire est en quelque sorte à la fois la fin de son parcours, sa libération, mais aussi sa renaissance dans le lien qu’elle entretient avec notre présent ?

